L’intelligence artificielle et marché du travail

L’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail et sur la société

Comme pour toutes nouvelles technologies l’ayant précédé, l’intelligence artificielle (IA) ramène son lot de questionnements socio-économique. Une partie des questionnements sur l’intelligence artificielle sont reliés aux transformations et aux changements qui risquent d’affecter directement le marché du travail : « À l’avenir, est-ce que je risque de me voir remplacer par des IA dans mon travail ? », « l’IA ne risque-t-elle pas de créer plus de chômage ? », etc. Ces inquiétudes sont légitimes, mais sont-elles pour autant justifiées ?

L’objectif ici est de comprendre comment l’IA va transformer le marché du travail, et plus encore, comment cette technologie va modifier notre style de vie ainsi que la place qu’occupe le travail dans nos vies.

« Innover plus pour produire plus… et non travailler plus pour produire plus »

Tout d’abord, il faut savoir que l’Homme n’a jamais si peu travailler de toute son histoire. En, 1950, on travaillait en moyenne 2170 heures par an ou 42 heures par semaine. Alors qu’en 2014, on travaillait environ 1870 heures par an ou 36 heures par semaine en 2014. [1] (Moyenne mondiale)

Pourtant notre productivité ne cesse d’augmenter; aujourd’hui, un individu est 4.5 fois plus productif qu’en 1950, tout en sachant qu’actuellement un individu travail 15% de moins en moyenne qu’en 1950. Comment expliquer ce constat ?

Tout d’abord il faut savoir que la diminution du nombre d’heures travaillées a commencé bien avant 1950. En effet, elle s’est amorcée pendant la seconde révolution industrielle. Vers la fin du XIXème siècle, les individus travaillaient en moyenne 70 heures par semaine, puis le nombre d’heures travaillé a été divisé par deux entre 1870 et 1950. Cette période de l’Histoire a connu une forte industrialisation de l’économie avec entre autres l’apparition des machines industrielles et de l’optimisation des méthodes de travail dans les usines (montage à la chaine d’Henry Ford, etc.).

Cette réflexion nous mène à en déduire que l’apparition de nouvelles technologies et de techniques de production ont permis une augmentation de la productivité sans nécessairement avoir besoin de travailler plus.

« L’analyse scientifique »

Cela nous mène à formuler la problématique suivante :

  • En considérant l’intelligence artificielle comme future technologie de production, cela nous mènera-t-il à travailler moins tout en produisant davantage ?

Ainsi l’objectif est le suivant :

  • Prédire combien d’heures allons-nous travailler en 2035.

Les hypothèses émises:

  • Les données historiques sur le nombre d’heures travaillées concernent 68 pays[2], nous allons travailler avec la moyenne de ces pays.
  • La productivité à l’heure correspond au Produit Intérieur Brute par capita à l’heure.
  • En 2035, l’intelligence artificielle contribuera a augmenté la productivité de 40% (Selon Accenture[3]).
  • Sans le facteur intelligence artificielle, on suppose que la croissance de la productivité est linéaire (voir graphique ci-bas, avec la courbe identifiée « Benchmark »).
  • On considère qu’aucun autre facteur n’impacte le nombre d’heure travaillé en dehors de la variation de la productivité par l’adoption technologique de l’intelligence artificielle (exclusion de facteur tel que crise sociale, récession, accroissement du chômage, forte croissance économique, autres innovations technologiques, etc.).

Le développement et les calculs :

  • Développement sur R
  • Les données proviennent de : https://ourworldindata.org/working-hours
  • La croissance marginale de productivité induite par l’adoption de l’intelligence artificielle suit l’équation polynomiale suivante :fonction polynomiale - Intelligence artificielle impact sociale

 

  • Deux approches permettront de modéliser : Tout d’abord une procédure de prévision des données de séries chronologiques basées sur un modèle additif où les tendances non linéaires sont adaptées aux saisonnalités possibles. Suivi d’un simple modèle de régression linéaire permettant d’établir une relation linéaire entre Xn et Y.

Point clé :

  • En 2035, nous travaillerons moins de 26h par semaine soit 10h de moins en moyenne qu’aujourd’hui. Cela fait 540 heures de moins au travail par an.
  • Les ménages se retrouvent avec 540 heures de libre en plus par an par individu.

Maintenant reste à savoir comment allons nous occupé notre temps sachant que l’intelligence artificielle risque de nous permettre d’avoir plus de temps libre.

« Travailler moins pour se divertir plus »

L’histoire qui va suivre est une pure fantaisie ayant pour but de discuter des transformations qui impacteront la société avec l’avènement de l’intelligence artificielle. À NOTER QU’AUCUN DES FAITS RELATÉS N’EST RÉEL.

L’an 2035, Jean Tremblay rentre chez lui après avoir fini sa semaine de travail de 26 heures. Bien sûr, au moment où il franchit le pas de sa porte, sa maison intelligente s’est chargée de lui préparer sa petite soupe jardinière car son taux de cholestérol est plus élevé depuis quelques semaines. Son bain chaud parfumé à la lavande est déjà coulé. Tout est prêt pour lui permettre de regarder le match du Canadien de Montréal ce soir… en complète immersion grâce à la réalité virtuelle en « live ». Ce cher Jean n’a plus à se soucier de ses tâches ménagères. Sa maison est au petit soin et se charge de lui faciliter la vie. Jean travail 540 heures de moins par an par rapport à ses parents.

Mais comment fait-il pour tuer le temps et ne pas s’ennuyer ? Il se divertit encore et toujours ! Jean passe au moins quatre fois par an à voyager à l’étranger pour le plaisir, il rend visitent à ses amis et ses proches, etc. Mais là où Jean passe la majorité de son temps c’est dans le monde digital et virtuel. Entre les jeux d’immersion en réalité virtuel, les réseaux sociaux, les films etc. Jean est accro à un jeu en particulier. Ce jeu s’appelle « Oasis ». C’est un jeu social en immersion virtuel. Un pur chef d’œuvre qui est à la fois l’ancêtre de « Facebook » et de « Minecraft » (pour l’anecdote, en 2030, Facebook rachète la licence d’exploitation de différents jeux vidéo en réalité virtuel et fait migrer toute sa plateforme sociale en réalité virtuelle sous forme de jeux sociaux étaler sur une infinité de monde à découvrir par les abonnés). D’ailleurs le nom « Oasis » rappel à Jean le nom d’un jeu dans un film qu’il a beaucoup aimé quand il était plus jeune. Ce film aujourd’hui culte : « Ready Player One » de « Steven Spielberg ».

La réalité virtuelle va connaître une croissance sans équivalent grâce à l’intelligence artificielle. Si ces deux technologies ont leurs destins intimement liés, ce n’est pas parce que l’IA croisée avec la VR va permettre de créer une nouvelle forme de technologie, mais bel et bien parce que l’IA va révolutionner l’économie et la société permettant ainsi à la VR de croître exponentiellement dans une industrie du divertissement qui sera encore plus riche et prospère que n’a pu l’être l’industrie des énergies fossiles ou de l’automobile au moment de leur apogée.

« Puis Jean y travail tu comme du monde ? »

Revenant à notre cher ami Jean. C’est un homme dans la trentaine, célibataire et sans enfant. Au niveau professionnel, c’est un designer et stratège web dans une agence marketing. Grâce aux différents outils de travail à base de systèmes de raisonnements et de suggestion de contenu très robustes, Jean est très efficace dans son job. Il produit beaucoup de contenus web de qualité en peu de temps. De plus, il conseille les clients de l’agence avec plus d’efficacité que n’auraient jamais pu le faire un designer ou stratège web il y a une vingtaine d’années.

Jean pense pourtant à changer de métier. Les designers et stratèges web sont de moins en moins demandés dans le marché. Car les outils boostés sur de l’intelligence artificielle de toutes sortes sont de plus en plus performants et complets. Il envisage une reconversion professionnelle vers le monde de l’assistance aux personnes âgés. Un marché en pleine croissance et qui recrutent beaucoup.

Malgré les changements éventuels dans sa carrière, Jean reste serein et confiant car il sait que la reconversion professionnelle est monnaie courante et qu’il existe une multitude de secteurs d’activité en demande de gens qualifiés ou de gens désireux de se former. Beaucoup de ces métiers ont vu le jour grâce à l’avènement de l’intelligence artificielle. Également, malgré que Jean ne soit pas riche, il sait que c’est un privilégié. Car cette nouvelle ère n’a pas fait que des heureux. La folle croissance économique de la troisième décennie du XXIème siècle a laissé une partie de la population mondiale dans la misère. Dorénavant, la richesse des nations ne se mesure plus aux quantités de richesses physiques produites, mais se mesure par le niveau d’accès aux technologies de communication et d’automatisation de pointes.

Fort est de constater que les points clés de cette société fictive de la troisième décennie du 21ème siècle deviendrait les suivants :

  • La suppression complète des emplois à faible valeur ajoutée (surtout les emplois manuels avec beaucoup de répétions)
  • Les emplois à moyennes et fortes valeurs ajoutées sont plus nombreux mais avec un nombre d’heure de travail moins élevée grâce aux technologies de support et d’automatisation.
  • Le pouvoir d’achat des classes moyennes est très important grâce à la forte croissance générée par l’augmentation de la productivité. Les gens ont les moyens pour se divertir, voyager, acheter une maison, etc.
  • Les écarts de richesses sont encore plus forts que jamais.
  • Les heures libérées de travail grâce aux technologies d’automatisation (entre autres l’intelligence artificielle) seront consacrées en grande partie pour se divertir.
  • L’industrie du divertissement est l’une des industries les plus prospères de la décennie.
  • L’avènement de l’intelligence artificielle dans l’économie engendrera l’avènement des technologies de réalité virtuelle dans le monde du divertissement.

« L’éducation une question de survie ? »

Avec la suppression des emplois à faible valeur ajoutée, comment survivre au marché du travail ?

L’éducation. Pour pouvoir travailler il faut avoir une éducation qui permet d’avoir un savoir-faire à forte valeur ajouté. Donc pas d’éducation, pas de travail. Bien sûr, la forme la plus standard d’éducation avancée est l’éducation universitaire.

Fort heureusement, à l’avenir s’éduquer ne signifie pas forcément d’aller à l’école ou à l’université. L’émergence d’internet au début du XIXème siècle a permis de démocratiser le savoir. L’éducation alternative par le billet de cours en ligne, de certifications, « t’autodidactie en ligne », va permettre à beaucoup d’envisager leur reconversion professionnelle.

 

 

Notes et références :

[1] Ces statistiques sont des moyennes à l’échelle mondiale, qui exclut certaines professions (professions agricoles) https://ourworldindata.org/working-hours

[2] 68 pays utilisés pour l’analyse : Argentina, Armenia, Australia, Austria, Bangladesh, Barbados, Belgium, Brazil, Bulgaria, Cambodia, Canada, Chile, Colombia, Costa Rica, Cyprus, Czech Republic, Denmark, Ecuador, Estonia, Finland, France, Germany, Greece, Hong Kong, Hungary, Iceland, India, Indonesia, Ireland, Israel, Italy, Jamaica, Japan, Latvia, Lithuania, Luxembourg, Malaysia, Malta, Mexico, Netherlands, New Zealand, Norway, Pakistan, Peru, Philippines, Poland, Portugal, Romania, Russia, Saint Lucia, Singapore, Slovakia, Slovenia, South Africa, South Korea, Spain, Sri Lanka, Sweden, Switzerland, Taiwan, Thailand, Trinidad and Tobago, Turkey, United Kingdom, United States, Uruguay, Venezuela, Vietnam.

[3] https://www.accenture.com/ca-fr/insight-artificial-intelligence-future-growth